Créer et monétiser un site internet (affiliation, publicité, vente de liens, e-commerce, formations en ligne…) est une activité qui peut rapidement générer des revenus. Mais dès que ces revenus deviennent réguliers et dépassent un simple « hobby », il faut penser au cadre légal : quel statut juridique adopter pour être en règle ?
Dans cet article, on fait le point sur les différentes options possibles en France, avec leurs avantages, inconvénients et conseils pratiques.
Faut-il forcément un statut pour être éditeur de site ?
La réponse dépend du niveau de revenus :
- Activité occasionnelle et revenus très faibles (moins de quelques centaines d’euros par an) : il est parfois toléré de déclarer ces gains comme revenus « non commerciaux » via sa déclaration d’impôt, mais cela reste flou et risqué.
- Revenus réguliers, même modestes : il faut obligatoirement créer une structure (micro-entreprise, société, etc.) pour être en conformité avec l’administration fiscale et l’URSSAF.
👉 Dès que vous commencez à toucher des revenus mensuels, il est préférable d’opter pour un statut clair.
1. La micro-entreprise (auto-entrepreneur)
Caractéristiques
- Création gratuite et rapide en ligne.
- Déclaration simplifiée des revenus.
- Charges sociales calculées en pourcentage du chiffre d’affaires encaissé (22 % environ pour les BNC).
Avantages
- Démarrage simple et sans frais.
- Pas d’obligation de comptabilité complexe.
- Idéal pour tester un projet d’édition de site.
Inconvénients
- Plafond de chiffre d’affaires limité (77 700 € pour prestations de service en 2025).
- Pas de possibilité de déduire ses charges réelles (hébergement, outils SEO, sous-traitance…).
- Protection sociale limitée (notamment retraite et chômage).
👉 Pertinent pour un éditeur débutant ou en phase de test.
2. L’entreprise individuelle (EI / EI au régime réel)
Caractéristiques
- Statut unipersonnel plus souple que la société.
- Possibilité de choisir l’impôt sur le revenu (IR) ou l’impôt sur les sociétés (IS).
- Comptabilité plus poussée que la micro-entreprise.
Avantages
- Pas de plafond de chiffre d’affaires.
- Déduction des charges réelles (hébergement, achats, prestations externes).
- Protection du patrimoine personnel (depuis la réforme de 2022, séparation patrimoine privé/professionnel).
Inconvénients
- Plus complexe à gérer qu’une micro-entreprise.
- Charges sociales calculées sur le bénéfice (peuvent être élevées en cas de bons résultats).
👉 Adapté si votre activité décolle et que vos charges sont importantes.
3. L’EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée)
Caractéristiques
- Société à associé unique, statut proche de la SARL.
- Imposition par défaut à l’IS (avec option IR possible sous conditions).
Avantages
- Responsabilité limitée au capital social.
- Possibilité de se verser un salaire ou des dividendes.
- Déduction des charges réelles.
Inconvénients
- Formalités de création et de gestion plus lourdes (statuts, dépôt au greffe, comptabilité complète).
- Frais de comptabilité obligatoires.
- Cotisations sociales du gérant souvent élevées par rapport à une SASU.
👉 Un bon compromis pour sécuriser juridiquement son activité.
4. La SASU (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle)
Caractéristiques
- Forme de société unipersonnelle très flexible.
- Président assimilé salarié (protection sociale proche du régime général).
- Imposition à l’IS par défaut (option IR possible sous conditions).
Avantages
- Grande souplesse dans les statuts.
- Bonne protection sociale (meilleure que gérant d’EURL).
- Image plus professionnelle pour certains partenaires (banques, annonceurs, agences).
Inconvénients
- Création et gestion coûteuses (statuts, comptabilité, charges sociales plus lourdes).
- Pas forcément rentable si les revenus sont faibles.
👉 Un statut intéressant si vous visez un vrai développement, avec des revenus réguliers et la possibilité de recruter ou de lever des fonds.
5. Autres options (plus rares)
- Portage salarial : intéressant si vous facturez ponctuellement via une agence mais peu adapté à l’édition de sites en continu.
- Association loi 1901 : à éviter si vous générez des revenus, sauf cadre très particulier.
Quelle fiscalité pour l’édition de site ?
Les revenus de l’édition de sites sont généralement classés en Bénéfices Non Commerciaux (BNC), sauf cas particuliers (vente de produits en propre → BIC).
- Micro-entreprise : abattement forfaitaire ou charges sociales proportionnelles.
- Sociétés (EURL/SASU) : imposition sur les bénéfices, puis éventuelle fiscalité sur dividendes.
👉 Bien anticiper la fiscalité est crucial pour éviter les mauvaises surprises.
Comment choisir le bon statut ?
Tout dépend de votre situation et de vos objectifs :
- Débutant, revenus faibles ou irréguliers → micro-entreprise.
- Revenus stables et charges importantes → entreprise individuelle au réel.
- Volonté de protéger son patrimoine et professionnaliser son activité → EURL.
- Ambitions de croissance, image pro, éventuelle levée de fonds → SASU.
Conseils pratiques avant de vous lancer
- Anticipez vos charges : hébergement, outils SEO, publicité, freelance… peuvent vite peser.
- Tenez une comptabilité claire dès le départ, même en micro-entreprise.
- Faites appel à un expert-comptable si vos revenus dépassent quelques milliers d’euros/mois.
- Pensez à la TVA : en micro-entreprise, franchise possible jusqu’à 36 800 €, mais au-delà vous devrez la facturer.
✅ En résumé : commencez simple (micro-entreprise), puis évoluez vers une EI, EURL ou SASU selon vos ambitions et vos résultats. Le statut n’est pas figé : il peut évoluer avec votre activité.

